31 janv. 2014

Le Cirque du Docteur Lao de George Pal (1964)

Nouvelle chronique et nouveau docteur ! Ici il n'est plus question de tyran enlevant des enfants pour assouvir ses fantasmes mélomanes. Place à l'être suprême qui guérit les cœurs et les âmes, qui change d'apparence et opère dans un cirque qui est plus grand à l'intérieur qu'à l'extérieur. Non ce n'est pas Doctor Who mais bien le Docteur Lao !





Avant de parler du film sorti un an après que le plus célèbre des Seigneurs du Temps apparaisse sur les écrans britanniques, soit en 1964, il nous faut nous attarder sur le support originel paru en 1935 : le livre Le Cirque du Dr Lao de Charles G. Finney. En effet, l'adaptation cinématographique est beaucoup plus légère et la fin plus joyeuse que dans le livre. Le Docteur Lao est en réalité le héraut d'un dieu ancien nommé « Yottle » (sans doute une référence à Yaotl) qui emmène son cirque peuplé de créatures mythologiques de ville en ville afin d'accomplir des rituels païens et des sacrifices. Contrairement au film, il n'y a pas de fin heureuse pour les amoureux puisqu'ils sont tués pour célébrer Yottle et le reste des citoyens d'Abalone quitte leur ville et se disperse dans le désert qui les entoure. On est loin du film enjoué de George Pal. Mais l'adaptation est tout de même empreinte de cynisme et de mysticisme.

La ville d'Abalone est une ville américaine typique du début du XX ème siècle. Cette petite communauté semble vivre confortablement de ce qu'elle tire de la terre mais elle reste tout de même éloignée de tout. Clinton Stark (magnifique Arthur O'Connell) veut racheter les terres de tous les habitants afin de leur offrir une chance de vivre dans de meilleures conditions (et pour cause, la voie ferrée va passer par Abalone et les terres seront beaucoup plus chères à son arrivée, mais il se garde bien de le dire à ses concitoyens). Seul le journaliste Edward Cunningham s'oppose à son projet et n'hésite pas à le dire dans son journal tous les jours malgré les menaces de Stark. Cunningham est l'archétype même de l'homme sûr de lui, qui suit ses principes et est terriblement honnête, y compris avec la femme qu'il aime : la veuve Angela Benedict (Barbara Eden, surtout connue pour son rôle du génie Jinny dans Jinny de mes rêves) qui refuse ses avances.,C'est dans ce contexte qu'arrive un singulier personnage à dos d'âne : le Docteur Lao. Dès sa première apparition les spectateurs comprennent qu'ils ont sous leurs yeux un être magique puisqu'il allume sa pipe en utilisant ses doigts comme pierre à briquet.

Les spectateurs sont face à un film qui double les genres : le western et le fantastique. C'est la notion de dualité qui caractérise ce film. Il y a deux faces qui, comme pour le miroir d'Alice, dévoilent deux mondes distincts qui se répondent. Ce qui se passe au cirque a une répercussion dans la ville d'Abalone et vice versa. Les habitants trouvent dans les attractions présentées par le Docteur Lao, une métaphore de leur propre personnalité qui leur montre qui ils sont réellement. Appolonius de Thyane dévoile à Miss Cassan, la vieille fille trop coquette, que tous ses efforts sont vains et qu'elle finira seule. Pan libère les pulsions amoureuses d'Angela Benedict qui refuse les avances de Cunningham par respect pour son défunt mari. Méduse pétrifie Madame Lindquist, la mégère qui tyrannise tout le monde. Elle ne doit la vie qu'à Merlin qui, en lui rendant forme humaine, lui enlève son cœur de pierre. Stark se retrouve face au Grand Serpent qui lui démontre à quel point l'homme lui est inférieur puisqu'il a besoin de vêtement pour ne pas avoir froid, il a besoin de lunettes pour y voir... Stark qui se croit supérieur car en dehors d'une cage ne voit pas qu'il est également enfermé, ses barreaux lui sont juste invisibles. La ville tout entière se retrouve face à la mise en abîme de sa propre histoire puisque le Docteur Lao leur raconte la fin tragique d'une ville antique prospère qui se retrouva détruite à cause de la cupidité d'un homme. Une fois que chaque habitant d'Abalone réussit à surpasser ses défauts, ses peurs, et que la ville est sauvée grâce au repenti de Stark, le Docteur Lao, Mary Poppins asiatique, quitte la ville sans un adieu.

Figure mystique et mystérieuse, le Docteur Lao est lui aussi un parfait exemple de la dualité grâce à l'interprétation de Tony Randall. Cet étrange personnage semble au premier abord être le stéréotype du chinois avec son accent bizarre que l'on peut retrouver dans les interprétations de Mickey Rooney dans Diamant sur canapé de Blake Edward ou pour les plus franchouillards d'entre nous, dans les sketchs de Michel Leeb. Et pourtant. Lorsqu'il se met à discuter sérieusement, il change du tout au tout. Plus d'accent, plus de phrases mal construites. Le Docteur Lao s'exprime dans un anglais irréprochable. Le stéréotype n'est qu'une façade, un déguisement qu'il porte en plus de ceux de ses attractions. En effet, si il part comme Mary Poppins, il se comporte comme n'importe quel super-héros puisqu'il n'est jamais présent en même temps que son attraction:il sort lui-même du cadre avant que la caméra ne change d'angle. Elle pourrait le laisser tel quel dans le plan précédent, mais non, il doit sortir d'abord avant de poursuivre la narration. Ainsi ce n'est pas un hasard si chaque créature révèle la véritable nature de certains habitants puisque le Docteur Lao interagit avec eux avant l'ouverture de son cirque. Il voit leurs défauts, et devine quel personnage pourrait les débloquer mentalement et leur permettre d'atteindre une certain sérénité dans leur âme.

On est donc loin du sacrifice et de l'exode proposés par le livre de Charles G. Finney. Mais si Le Cirque du Docteur Lao n'est pas aussi sombre que l’œuvre originelle, il n'en reste pas moins un très bon film qui non seulement divertit mais aborde aussi différents thèmes comme le changement dans la société américaine et l'évolution que cela inclut (thème cher à Sam Peckinpah que je recommande fortement), la solitude sous toutes ses formes, la liberté de la presse, le racisme... Que l'on soit un enfant ou un adulte, on ne peut qu'apprécier de voir autant de poésie et d'humour dans un film qui traite de thèmes aussi sérieux.

N'hésitez pas, ce film est un petit bijou qui mérite d'être vu. Qui plus est, l'équipe qui gravite autour n'est composée que de talents que ce soit les scénaristes Charles Beaumont (Le Masque de la Mort Rouge de Roger Corman et Brain Dead de Peter Jackson) et Ben Hecht (Scarface de Howard Hughes, La Maison du Docteur Edwardes d'Alfred Hitchcock), le compositeur Leigh Harline (qui a travaillé pour les studios Disney de 1933 à 1941 et qui a créé la musique L'Homme de l'Ouest d'Anthony Mann, entre autres), le responsable des effets spéciaux Jim Danforth (qui travailla avec l'excellent Ray Harryhausen sur Le Choc des Titans), le maquilleur William J. Tuttle (qui était responsable des maquillages de Chantons sous la Pluie de Stanley Donen et Gene Kelly, La Mort aux Trousses d'Alfred Hitchcock et Frankenstein Junior de Mel Brooks), sans parler du réalisateur/producteur George Pal qui a dirigé Les Aventures de Tom Pouce, Les Amours enchantées et La Machine à explorer le temps et produit Le Choc des mondes de Rudolph Maté, La Guerre des Mondes de Byron Haskin et Doc Savage arrive de Michael Anderson.

Une équipe de choc aux nombreuses qualités, c'est la base pour créer un bon film et Le Cirque du Docteur Lao en a une excellente. A vos écrans et profitez du spectacle !

22 déc. 2013

Les 5000 Doigts du Dr. T. de Roy Rowland (1952)



Alors je vous préviens de suite. Contrairement à ce que le nom du film pourrait suggérer, il ne s'agit pas d'un porno. C'est même tout le contraire. Aujourd'hui je vais vous parler d'un film pour petits et grands, empli de poésie et d'onirisme. Tout le contraire d'un porno en somme.

Les 5000 Doigts du Dr. T. nous narre l'histoire d'un petit garçon, Bart, qui préfère rêver que de s'exercer au piano. Ceci exaspère évidemment sa mère et son professeur, le terrible professeur Terwiliker, joué par le talentueux Hans Conried. Bart considère que ce dernier a hypnotisé sa mère puisqu'elle l'oblige à pratiquer une activité qu'il déteste au lieu de le laisser jouer au base-ball avec son chien, ou parler à son seul ami, le gentil plombier : August Zabladowski. Pourtant il tient à lui faire plaisir car cette mère inattentive est tout ce qui lui reste. Mais malgré ses efforts, le jeune Bart se rendort et se retrouve dans un monde terrible : un camp de concentration pour 500 jeunes pianistes qui devront jouer pour le Dr T. sur un gigantesque piano capable de faire gigoter 5000 doigts sur son immense clavier (et bim une explication du titre, une).

Comme vous pouvez le constater, il y a un renversement de situation et de genre dans ce film. Nous passons d'une simple histoire d'un petit garçon désobéissant à un voyage onirique. Cela ne vous rappelle pas quelque chose ? Un film que tout le monde connaît. Avec un lion. Un épouvantail. Un homme de fer blanc. Une cité d'émeraude. Voilaaa : Le Magicien d'Oz ! Les 5000 Doigts... est le digne successeur du chef-d’œuvre de Victor Fleming. Mais n'allez pas croire que le script est une pâle copie. Oh que non. Il y a plusieurs différences notables. Contrairement au film classé au Registre International Mémoire du Monde de l'UNESCO (si c'est pas la méga classe ça), Les 5000 Doigts... nous plonge directement dans le rêve de son personnage principal. Nous savons que ce que nous voyons n'est pas la réalité du jeune Bart mais une élaboration onirique de ses peurs et espoirs (bien qu'il y ait un twist final qui brise les frontières entre le rêve et la réalité). Le film a même une introduction qui se révèle être le premier rêve de Bart où il se fait pourchasser par des hommes armés de filets à papillons. Le ton est posé. Les 5000 Doigts... est l'enfant du Magicien d'Oz et de Alice au Pays des Merveilles. Le non-sens et l'absurde s'entremêlent avec la poésie et l'imaginaire. Est-ce si étonnant lorsque l'on sait que le scénario a été écrit par le Dr Seuss en personne, l'auteur du Chat Chapeauté et du Grinch ? A l'instar de Lewis Carroll, cet homme a pris une pincée d'idiotie, une cuillerée de chimère, et les a incorporées dans ses œuvres pour en faire des piliers de la littérature de jeunesse et de la poésie. Car il ne faut pas oublier que ses textes n'étaient pas en prose mais bien en vers. Si dans Les 5000 Doigts..., les rimes sont oubliées dans les dialogues, on peut les retrouver dans les multiples chansons qui jalonnent le film. Et oui, chers lecteurs, c'est un film musical, genre typique des années 50.

D'ailleurs, si l'on omet le côté surréaliste du rêve, tout est typique dedans. On pourrait le qualifier de manichéen. Et même carrément de film classique dans le sens péjoratif. Voire un peu réactionnaire pour nous, spectateurs bien trop jeunes pour avoir connus La Seconde Guerre Mondiale et qui vivons dans une société où tous les êtres humains sont libres et égaux en droits (du moins un peu plus que dans les années 50 où beaucoup de préjugés faisaient office de lois). Si l'on regarde bien la trame du scénario, nous nous apercevons que nous avons l'histoire d'un jeune garçon qui se bat avec son ami prolétaire pour déjouer les plans du méchant bourgeois et pour sauver la princesse enfermée dans une tour afin qu'elle échappe au pouvoir du méchant bourgeois et épouse le gentil prolétaire. Pour vaincre cet ennemi redoutable et s'échapper du camp de concentration, le gentil prolétaire et le jeune garçon utilisent... une arme nucléaire... Quand je vous disais que c'était ultra classique comme scénario ! Aaaaah les années 50. Même si je m'arrache les cheveux lorsque je regarde vos productions en décontextualisant, je vous adore. Avouons-le, ce film est bourré de maladresse. Le seul personnage féminin est l'archétype de la faible femme enfermée qui ne peut rien faire sans l'aide d'un homme (et qui accepte d'ailleurs sans broncher de devenir l'épouse du gentil prolétaire comme lui ordonne son fils) (mais bon sachant que Peter Lind Hayes et Mary Healy étaient mari et femme dans la vraie vie, cela se comprend qu'elle ne rechigne pas), le seul acteur noir joue le personnage le plus flippant du film : un liftier aux doigts particulièrement longs, au casque bien trop angoissant, qui énumère les sévices proposés à chaque étage du donjon.

Et pourtant... Malgré cela, ce film est l'un des plus beaux et l'un des plus enthousiasmant que j'ai pu voir.

Rien que pour les chorégraphies. Et en particulier deux. Je vais sans doute exagérer un tantinet, mais je considère ces deux chorégraphies comme étant Les Meilleures Chorégraphies Cinématographiques de l'Histoire du Cinéma ! Et je peux le prouver.
Tout d'abord, la chorégraphie du combat d'hypnose.

 De un c'est très drôle. De deux c'est minutieux. De trois, c'est une EXCELLENTE idée ! Je vais quand même développer. Le Dr. T. tente d'hypnotiser Zabladowski afin que celui-ci arrête de perturber ses plans machiavéliques. Il se lance alors dans une danse proche du tango avec le plombier qui suit non seulement ses pas mais aussi le mouvement de ses mains et de ses doigts. Ce que le Dr. T. ne sait pas c'est que Zabladowski est un autodidacte en matière d'hypnose et le combat en lui faisant effectuer les mêmes pas de danse. Outre son potentiel comique, cette chorégraphie prouve non seulement les talents de Hans Conried et de Peter Lind Hayes en tant qu'acteurs complets, mais aussi que Les 5000 Doigts... est un film basé sur l'illusion et sur les rapports de force. Cette simple danse est en réalité une métaphore de la lutte des classes ! Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !
Quant à la deuxième chorégraphie (qui n'est pas sur Youtube), ce n'est pas en tant que métaphore qu'elle détrône toutes les autres qui ont pu être montrées au cinéma mais car elle est emplie d'idées visuelles toutes plus excellentes les unes que les autres. Je contextualise. Bart s'échappe et se retrouve dans la geôle où sont détenus tous les musiciens non-pianistes. Ceux-ci se lancent alors dans un numéro musical présentant tous les instruments du monde. Mais attention ! Les instruments proposés ne sont pas ceux de notre monde. Ils sont modifiés, transcendés. Et les musiciens eux aussi semblent transformés dans ce rêve, ils fusionnent avec leur outil et deviennent des être hybrides, mi-hommes, mi-instruments. Les percussionnistes deviennent des boxeurs qui jouent leur musique avec leurs poings, les saxophonistes ressemblent aux éléphants roses dans Dumbo, les xylophonistes ont du inspirer les Monty Pythons tant cela rappelle le sketch de l'écraseur de souris... Ce grand numéro musical propose plusieurs scénettes qui font de cette scène une immense chorégraphie en l'honneur de la Musique. C'est un enchantement auditif et visuel qui rend hommage à tout ceux dont la Musique est devenu un travail.

Les 5000 Doigts... malgré ses défauts fait partie de ces œuvres qui tombent bien trop vite dans l'oubli populaire. A sa sortie les critiques furent belliqueuses, le Dr Seuss lui-même renia ce film, et pourtant le public suivit et je suis persuadée que dans ce public se trouvait des gens comme Tim Burton ou Terry Gilliam qui, sans le savoir, ont été influencés par ce film. L'émerveillement face aux idées graphiques, que ce soit les décors ou les costumes (l'habit que porte le Dr. T. pour l'inauguration), face à la mise en scène rappelant des chefs-d’œuvres de la littérature ou du cinéma (Bart qui se sert de son T-shirt pour en faire un parachute à l'instar d'Alice avec sa robe lorsqu'elle tombe dans le terrier du lapin blanc par exemple), face à l'absurde de certaines scènes et de certains dialogues qui est finement contrebalancé par la poésie et la beauté de l'imaginaire enfantin... C'est un film à voir au moins une fois dans sa vie car il insuffle une certaine gaieté dans l'âme et ramène les plus aigris vers un âge où les choses simples de la vie étaient vues sous un angle merveilleux.

Et pour les plus sceptiques la musique est de Frederik Hollander qui a composé les bandes originales de L'Ange Bleu de Josef von Sternberg avec Marlene Dietrich, le directeur de la photographie Franz Planer a aussi travaillé sur Diamants sur Canapé de Blake Edwards et sur 20 000 lieues sous les Mers de Richard Fleischer.

Il est aussi l'un des films préférés de Jello Biafra (ancien chanteur des Dead Kennedys), il a inspiré Matt Groening pour son personnage de Tahiti Bob dont le véritable nom est Bob Terwiliger et qui est la Némésis de Bart, Mr Bungle a fait une reprise de la chanson Third Floor Dungeon lors de ses concerts, et il vient de sortir chez WildSide !  

21 déc. 2013

Toulouse Game Show 2013


Et oui mes lecteurs adorés je suis de retour! Un diplôme en poche qui plus est! Vous pouvez désormais m'appeler Maître. Trêve de galéjades, je reviens pour vous offrir une chronique réalisée pour Geek Sans Modération , une bande de podcasteurs avec qui je collabore désormais. Alors avant de retourner aux critiques de films (dont une très prochainement), j'espère que vous apprécierez ma découverte du TGS.



Le TGS c’est quoi ?

Déjà, ça veut dire Toulouse Game Show. Donc comme tu t’en doutes, cela se passe à Toulouse et cela traite de jeux et de spectacles. Mais concrètement, le TGS qu’est-ce qu’on y trouve à l’intérieur ?
On y trouve du cosplay, des mangas, des comics, des stands de rétrogaming, du cosplay, des stars du web, des dessinateurs, des effets spéciaux, du cosplay, des conférences, des web séries, des stars américaines, du cosplay, des épisodes de séries inédits, des gens, du monde, beaucoup de monde, TROP de monde et…du cosplay.
Peut-être que je suis en train d’exagérer un chouia pour le cosplay, mais il faut me croire ami lecteur (ou amie lectrice, je suis pour l’égalité) : c’est la fête du slip (ou de la culotte donc) pour les pratiquants de cette coutume.
(Bon ça va être relou de tout mettre au masculin ET au féminin, donc ami lecteur si tu veux changer de genre, n’hésite pas à corriger dans ta tête mon texte)


Au TGS, le cosplay est roi. Il doit bien y avoir 15 stands qui vendent des costumes, des accessoires, des lentilles de couleurs pour les yeux, des sabres, des perruques, des goodies… Tout pour satisfaire le fanboy (ou la fangirl) qui sommeille en chacun de nous. Et là, cher ami lecteur éclairé, tu me diras :
« Hé dis donc Harley Quinn (c’est moi), tu te foutrais pas un peu de ma gueule quand même ? Tu m’as dit au tout début de ta chronique que le TGS ça parle de jeux ! Et pour l’instant, mis à part un anglicisme sur le fait de jouer à de vieux jeux vidéos, y en a que pour le cosplay ! »


Et cher ami lecteur, je suis fière de toi ! Oui tu as remarqué que le G de Game est peut-être mal choisi. Il faut avouer que des jeux… il n’y en a pas tant que ça. Quelques bornes d’arcade, deux stands Xbox One (aucun stand PS4 par contre), deux ou trois petits stands pour découvrir des jeux de plateau (dont l’excellent Zombicide), des ordinateurs pour jouer à Wakfu (aucun pour jouer au Démineur. Même en mode hardcore), la présence de Yoshihisa Kishimoto (créateur de Double Dragon), de Paul Cuisset (créateur de Flashback, Fade To Black…) et de Eric Chahi (créateur de Heart of Darkness, Another World…) Pas grand chose. [mais quand même du très lourd]

On peut dire que le Jeu Vidéo était surtout à l’honneur du fait de la présence de nombreux journalistes spécialisés dans ce domaine comme Julien Chieze, Marcus, Alain Huygues-Lacour ou encore Yvan West Laurence.
Le Game du TGS est donc en lien avec la presse et avec les joueurs découverts sur Youtube (je ne citerai pas tous les invités ayant un rapport avec Minecraft, il y en a trop et leurs noms sont tous alambiqués), et non en lien avec ceux qui ont permis d’avoir des produits vidéoludiques de qualité. Cela aurait pu s’appeler Toulouse Cosplay Show ou Toulouse Japan Show pour mieux coller avec le contenu.



Mais attention, n’allez pas croire que le TGS c’est de la bouse, ah non ! On s’amuse bien là-bas, pas trop en tant que gamer certes, mais on s’amuse !
Il n’y a pas beaucoup de jeux vidéos mais il y a du contenu ! On a eu droit à des conférences toutes plus déjantées les unes que les autres avec de grands moments de n’importnawakesque. Entre Simon Astier qui entend son équipe parler de la taille de son sexe au public pendant dix minutes, l’équipe de N00B qui fait des surprises, celle du Visiteur du Futur qui fait un concours de bras de fer, Jeremy Bulloch (aka Boba Fett) qui se prend pour son personnage : le public du TGS a pu s’éclater tout en découvrant des épisodes inédits, en ayant des réponses à ses questions, dans la joie et la bonne humeur.

Et puis bon, il faut avouer que dans ce type de conventions, l’émerveillement est à chaque coin de stand. Les costumes de certaines personnes étaient merveilleux (et pas que ceux des concours attention), le stand d’Ankama ressemblait a un village tout droit sorti d’un jeu Zelda (ou de Wakfu bien sur, mais je préfère Zelda), au détour d’une allée (ou dans le coin presse), on pouvait entendre la voix française de Morgan Freeman (Monsieur Benoît Allemane) appeler son chien Snoopy (véridique), ou entendre un tonitruant « NUAGE MAGIQUE !! » lancé à plein poumon par Madame Brigitte Lecordier, LA voix de Sangoku ! Et surtout, il y avait des segway, sortes de trottinettes chelou du futur qui ont bien fait marrer l’équipe d’Hero Corp (et baver d’envie tous les festivaliers qui en avaient marre de marcher). Je tiens à préciser que ces machins sont impossibles à voler car oui, il y a une alarme dessus. Et comme tu peux le constater cher ami lecteur, ici nous testons tout pour toi. Y compris le vol de trottinettes du futur. Ne nous remercie pas, c’est notre métier. Cela permet de compenser le fait que nous ne pouvons rien dire concernant la conférence de presse des stars américaines : Kristian Nairn (Hodor), Jeremy Bulloch (toujours aka Boba Fett) et Kenny Baker (R2D2). Et pourquoi avons-nous failli à cette mission ? Et bien je vais te le dire cher ami lecteur !
Je ne pourrai pas te parler de la conférence presse des stars américaines puisque nous n’avons pas réussi à vaincre le boss qui gardait l’entrée du donjon parking réservé à la presse puisque celui-ci était persuadé qu’il n’avait pas le droit de nous faire rentrer. Par sa faute, on a du se garer à une demie-heure de l’entrée et donc louper la conférence que je ne voulais surtout pas rater (merci monsieur le gardien, ton excès de zèle a accru ma colère).
Mais bon tant pis, nous avons quand même pu interviewer pas mal de gens super cools qui officient dans diverses contrées de la geekosphère, on a pu avoir de belles images malgré la mort d’une de nos caméras (Adieu GoPro avec écran, je t’aimais bien), rencontrer des gens excellents (un petit coucou aux collègues de Federation of Geek), et, malgré la pénurie de café, l’équipe de petites mains du TGS est l’une des plus sympathiques et souriantes que j’ai pu rencontrer.

En résumé, le TGS n’a pas réussi à contenter les gamers mais son contenu reste toujours aussi sympathique ET l’agencement de l’espace était largement meilleur que l’année dernière ! Il fallait toujours attendre près de 4 heures pour avoir une dédicace de stars du web comme Antoine Daniel ou Mathieu Sommet, mais ces files d’attente ne se mélangeaient pas aux masses grouillantes qui erraient d’une allée à une autre. Et ça c’est cool ! Allez TGS corrige le manque de jeux vidéos et de café et tu deviendras un jour LE festival de référence !

29 nov. 2012

Le Locataire de Roman Polanski (1976)


Il y a des films qui arrivent à prendre les neurones de votre cerveau, à les broyer, et transforment votre psyché en un magnifique champ de bataille que vous devez partager avec les gens autour de vous. Qui profiterait de ces pensées qui tournicotent dans votre crâne et vous bouffent toute autre information qui peut servir dans la vie ?(du genre les cochons ont un orgasme de trente minutes et le roi birman Nandabayin est mort de rire en apprenant que Venise était une République) Tel un secret trop lourd à garder, il faut en parler, le faire découvrir aux autres pour pouvoir en reparler par derrière.

Pourquoi je parle de ce type de film si particulier? Parce que je viens d'en voir un. Un classique même. Ce genre de film où tu as honte d'avouer que tu ne l'a pas vu, et du coup on te regarde avec de grands yeux en disant (en hurlant plutôt) : « QUEWAH ! T'as pas vu [insère ici le titre de film ultra culte que même Oussama Ben Laden les a vu dès leur sortie en salle. Et il vivait dans une grotte. C'est dire si c'est culte]. »

Après, de relativiser je me dois. Parce que bon, des films comme Star Wars, Titanic, Le Seigneur des Anneaux... TOUT LE MONDE LES A VU. Ou du moins les connaît. En gros, c'est quasi impossible de passer à côté de ces films tant l'entourage vous bassine avec. Là, le classique so classy (j'aime la redondance) dont je vous parle, c'est un classique de chez classique... Pas connu par tout le monde. Je ne dis pas que [accent patate chaude comme d'habitude] « c'est un film réservé à l'élite cinématographique. »

 Non. Faut pas déconner. Mais chez les pointilleux, et tout ceux qui aiment voir du bon whatzephoque des familles, il est classique.

Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais ça fait un moment que j'en parle de ce chef-d’œuvre ABSOLU et pourtant, je n'ai pas dévoilé ni le titre, ni le nom du réalisateur. Je continue mon petit jeu de devinettes ? Oui ? Non ? Oui ? Non ? Bon allez, je vais vous parler du film de ouf malade que j'ai vu. Ce film c'est, c'est, c'est :

LE LOCATAIRE
 de Roman Polanski




Déjà au nom du réalisateur, on sait que ça va être bon. OUI C'EST BON POLANSKI ! QUI A DIT QUE ÇA VIEILLISSAIT MAL ? Scusez moi, je suis un tantinet émotive en ce moment. On ne touche pas à Roman. Ou alors avec classe. Alors pour commencer, il faut savoir que c'est une adaptation d'un roman. Par Roman. Calembour. Ça  c'est fait. Je disais donc, ce roman est de Roland Topor. Mais qui est donc ce curieux personnage ? Tout simplement un des créateurs de Téléchat. Et de la série Palace. Pour les ptits jeunots, vous n'avez qu'à aller sur Youtube voir un peu. Les plus vieux comprendront et apprécieront. Topor, comme à son habitude, nous livre un roman tordu. Entre le drame et la comédie, l'horreur et le suspense. Et ça, Popol (oui j'appelle Polanski Popol. Ça lui donne un capital sympathie des plus extravagants.), le retranscrit bien. Mais ça, vous le verrez au fur et à mesure de cette ô combien merveilleuse critique. 

Le pitch de départ est tout simple. Trouver un appartement c'est dur. A Paris, encore plus. Et quand on est un immigré polonais, je ne vous raconte pas la galère. Mais notre héros y arrive lui. Monsieur Trelkovsky reprend l'appartement de Mademoiselle Simone Choule qui s'est suicidée peu de temps avant en se jetant par la fenêtre. Notre héros tout joyeux qu'il est d'avoir de quoi se loger déchante au fur et à mesure. Non seulement il a un magnifique vis-à-vis sur la fenêtre des toilettes de l'immeuble (rappelons-nous avec émotion ce temps où les WC étaient communes partout et pas que dans quelques résidences étudiantes) où ses voisins passent des heures debout sans rien faire, mais en plus il ne peut pas se mouvoir sans que l'on lui signale qu'il fait trop de bruit. On cogne au-dessus, on rouspète en-dessous, on frappe à la porte.. Bref, des voisins très énervants. Trop même. Mais là où cela commence à déranger franchement notre pauvre héros, c'est quand on le compare à l'ancienne locataire, Simone Choule : elle mettait des chaussons pour se déplacer, elle prenait un chocolat avec deux tartines au beurre, un paquet de Gauloises Bleues... Tu penses que ce ne sont que des détails insignifiants mon canard ? Détrompe-toi. Ce sont ces infimes détails qui vont faire de la vie de Trelkovsky un enfer. Ces petits détails (on insiste bien sur ce mot : dé-tails), ne sont pas seulement des remarques. On impose la personnalité de Simone Choule à notre pauvre polonais. Finies les Marlboro, bienvenues aux Gauloises Bleues. Adieu café, bonjour chocolat et tartines au beurre. Il faut dire que le héros n'arrive pas à s'interposer. Timide, renfermé sur lui-même, il accepte sans trop rechigner. Mais il faut avouer qu'il est plus que timide: il est carrément effacé, sans personnalité. Ses « amis » sont juste des gens qui profitent de lui, qui aiment le pouvoir qu'ils exercent sur lui. Et lui, ne dit rien. Il s'excuse. Point. Le genre de type à qui on voudrait mettre des baffes bien fortes histoire de le réveiller.

Mais comme tout le monde, un jour arrive où l'on n'en peut plus. Trop, c'est trop . Là ce ne sont plus des agressions quotidiennes, c'est carrément un complot ! Sinon pourquoi le tenancier s'obstinerait-il à lui servir un chocolat et des tartines avant même qu'il ne commande ? Pourquoi il n'y a jamais de Marlboro mais toujours des Gauloises? Et pourquoi ses voisins passent-ils leur temps aux toilettes, debout, regardant droit vers sa fenêtre ? Et si Simone Choule s'était suicidée pour échapper à cela ? Et si elle savait quelque chose sur ses voisins ? Et si les voisins avaient tué Simone Choule ? Ça en fait des questions hein? Et dites vousi que l'on pourrait en rajouter. Pourquoi y a-t-il une dent coincée dans le mur derrière l'armoire? Que signifient les hiéroglyphes gravés sur un mur des toilettes ?

Vous l'aurez compris, on oscille entre la paranoïa et le complot TOUT LE TEMPS. Mais quelle est la vraie version ? Le problème avec ce film est que, dévoiler la réalité c'est révéler la fin. Donc pour ceux qui ne l'ont pas vu, je vous conseille d'arrêter votre lecture ici et de revenir quand vous l'aurez visionné. Pour ceux qui lisent de travers et ne verront pas l'avertissement :

SPOILERS

Oui, spoiler au pluriel. C'est dire si il y en a des révélations.

Toute la magie de ce film est de perdre le spectateur. Certains, comme moi, refuseront de voir la folie du personnage principal et resteront jusqu'au bout sur un complot. Plusieurs éléments permettent d'étoffer cette thèse pourtant. Pour vous dire, même lorsque le héros voyait les visages de ses voisins se transformer en démons, l'exécution dans la cour, les inconnus qu'il croise qui se révèlent être ses voisins, j'étais persuadée qu'il s'agissait d'un complot de forces maléfiques. Pourquoi ? Parce que je me référais à son autre chef-d’œuvre : Rosemary's baby. Tout simplement. Tout comme Trelkovsky, je ne voulais pas croire au fait qu'il plongeait dans la folie. Trop d'indices menaient au complot. Mais si on y réfléchit bien, trop d'indices menaient à cette conclusion terrible : les détails de la vie quotidienne peuvent faire perdre la raison à un homme. Ces voisins oppressants, qui ne lui laissent aucun répit et l'accusent de tous les torts. Même lorsqu'il se fait cambrioler, son propriétaire préfère lui faire bien comprendre, en insistant biiieeeeeeeen lourdement sur le fait qu'il a de la chance d'avoir cet appartement, qu'ici seuls les gens sérieux sont pris, et que Mademoiselle Choule n'aurait jamais laissé ça arriver.

Comment ne pas comprendre qu'après toutes ces remarques, tous ces rappels sur le fait que Simone Choule était une locataire modèle, le pauvre Trelkovsky, qui, dans son délire psychotique (la paranoïa est une psychose pour rappel), n'a d'autre choix que de devenir Simone Choule ? En voulant prendre pour exemple la précédente locataire à tout bout de champ, les voisins le pousse à devenir comme elle au sens propre. Trevlkovsky se maquille, s'habille, se coiffe comme elle. Il obéit à cette volonté sous-jacente de la masse, jusqu'à en oublier sa propre identité. Mais il ne fait pas que se travestir : son association mentale avec cette énigmatique Simone Choule se fera jusque dans la mort. Lui aussi sautera de la fenêtre puisque telle « est » la volonté des voisins. Son saut se fera aux yeux de tous. La cour deviendra le théâtre où il interprétera son dernier rôle, sa dernière pièce : le grand saut vers l'au-delà. Tout y est, les rideaux rouges, les dorures et ornements aux fenêtres, les voisins regardant, avides de savoir la chute. Trevlkovsky s'élance et heurte le sol. La fin ? Non. Plus tôt je vous parlais du fait que l'on oscille entre la comédie et le drame. Quelques scènes déjà permettaient de rire devant ce film horrifique (Trevlkovsky tentant de se rebeller avec sa voix qui part dans les aïgus, la voisine qui raconte qu'elle a déféqué partout pour se venger, Gérard Jugnot parlant avec un accent anglais impeccable [oui parce que Popol va jusqu'à prendre des acteurs français en personnages secondaires, Jugnot, Balasko, Rufus, Piéplu...]...). Mais là, c'est le bouquet final ! Trevlkovsky saute, mais ne se tue pas dans sa chute. Alors que les voisins sont horrifiés de voir que quelqu'un tente encore de perturber le silence de la résidence, il décide de recommencer. Pour mettre encore plus de sang partout. « C'était mieux la première fois,hein ? »... Cette réplique! Comment ne pas exploser de rire ? Trevlkovsky, tente tant bien que mal de retourner à sa chambre pour ressauter. Cette fois-ci sera la bonne. On le retrouve alors dans la même situation que Simone Choule au tout début du film : emplâtré,  démembré. Le malheureux se revoit alors lors de sa première rencontre avec Simone Choule. Elle dans ce lit d'hôpital, lui à son chevet. Et tout le génie de Popol est que, l'ultime cri du héros est le même que celui de Simone Choule. Jusqu'au bout Trevlkovsky croira être Simone Choule, et jusqu'au bout le spectateur pourra alimenter de multiples thèses dans sa tête. Multiples car, en plus du complot et de la paranoïa, la thèse de la boucle temporelle n'est pas à écarter. Bien que celle-ci soit là surtout pour perdre le spectateur. En effet, certaines scènes sont, comme on dit désormais, lynchiennes (allez voir Lost Highway et Blue Velvet de Lynch pour comprendre) : la dent dans le mur qui est rejointe par la sienne plus tard (l'a-t-il enlevée en plein délire ? Les voisins l'ont-ils ôtée dans son sommeil ? Ou alors vit-il éternellement cette vie qu'est celle de Simone Choule?), les toilettes (Trevlkovsky aux toilettes se voit s'observer de sa fenêtre d'appartement. Où est le vrai ? Qui est cette personne dans l'appartement si ce n'est pas lui ? Est-ce le Trevloski dans les toilettes qui est en réalité fictif ? Ou celui dans la chambre?), et là, cette ultime situation où Trevlkovsky devient comme Simone Choule, un être enveloppé de bandelettes, entre la vie et la mort. Et cette thèse, n'est-elle pas aussi valable ? Le critique vous dira que non et pourtant. Sans celle-ci, comment perdre le spectateur ? Deux thèses ne seraient pas assez car très vite le public pourrait éliminer une hypothèse et donc ne plus être perturbé par tous les événements.  Alors qu'avec la boucle temporelle, le spectateur est aussi perdu que le héros, l'identification n'en est que plus forte.

POUR CONCLURE (cette critique fut bien longue), Le Locataire est un film sur la folie, mais pas que. C'est une véritable leçon de cinéma. Tout est calculé. Les angles et mouvements de caméra, le montage, la mise en place. C'est un film qui prend son temps, lent, mais pas ennuyeux pour un sou car dès qu'un élément apparaît, le spectateur est intrigué, puis la mise en place reprend, doucement. Ce jeu s'accélère au fur et à mesure, sans devenir épileptique pour autant. Le spectateur est de plus en plus captivé par ce qui se déroule devant ses yeux, il se passionne, tente de comprendre, se perd, retrouve un bout de piste, repart... Bref, pas besoin d'explosions ou de course-poursuite comme on en voit de plus en plus pour retenir l'attention du public : prenez un homme qui pense que ses voisins en ont après lui et vous réalisez un des plus beaux films de ces dernières décennies.

28 oct. 2011

She's alive, ALIVE!!! Hommage au Mad Forum!


Aaaaaaaaaah. Ça fait du bien de sortir de sa tombe. Non je ne suis pas morte. J'étais en hibernation. Oui en été. Oui. Chut.

BREF!

Donc en gros que dire de beau?
Je tiens à vous remercier tous!! Vous êtes de plus en plus nombreux à venir me rendre visite, et ça fait tout chaud à mon petit cœur!
Oui j'ai un cœur!
(Qui a dit ça?)

Bon le ptit rigolo du fond tu la fermes et tu écoutes ta prêtresse parler!

Je disais donc MERCI du fond du cœur! Ce qui fait plaisir c'est que je sais pour quoi vous venez ici et j'ai une bonne nouvelle: je continuerai à parler de FREDDY, de mon amour JOKER, de CLOWNS MÉCHANTS, de CHINO MORINO, et... et... et...(attention tiens toi bien), DE GLAIRES ÉPAIS! Car oui, des gens tombent ici sans prévenir en tapant ces quelques mots! Donc, comme je suis gentille avec tous mes canards, même ceux qui recherchent des trucs bizarres sur Google (non, je ne juge pas, noooon), ben je continuerai quand même!

Je passe du coq à l'âne et ça ne se voit pas du touuuuuut (c'est mon blog, je fais ce que je veux)

Bon alors je fais un peu de promo pour le forum de mon cœur (et à toute sa communauté): MAD MOVIES
Inscrite depuis février, j'ai même pas pensé à vous en parler, overbookée que je suis! Pour les quelques érudits qui me suivent, Mad Movies c'est un magazine. C'est LE magazine (avec Cosmopolitan) (je suis une fille bordel).
Mais Mad Movies c'est aussi un forum. LE FORUM. C'est le genre d'endroit où tu peux dire de grosses saloperies, ben on te vénère. Bon par contre, je vous déconseille de dire d'immenses bêtises parce que sinon on se fait dévorer vivant par des milliers et des milliers de cinéphiles/cinéphages aigris.


Si les madnautes lisent ça, oui vous êtes des aigris! Et je n'ai pas peur des représailles! (enfin pas trop)

Faut pas croire ce sont des fous les mecs. Déjà, ils connaissent tout. TOUT. Nan mais sérieux, c'est un tantinet lourd quand même! Tu débarques, tu veux tenter de parler d'un film que tu penses être la seule à avoir vu, et VLAN y en a tout plein qui ont le Dvd importé de Russie ou d'un autre pays dont on se fout comme de sa première cuite, parce que tu comprends, y a un bonus qui n'est pas dans l'exploitation française et le recoupage est vachement mieux fait... DES FOUS!

Mais je les aime quand même, hein.

Déjà parce que je passe de moins en moins sur une monomaniaque niveau cinéma, et que ça fait du bien à l'égo. Puis faut avouer qu'ils sont drôles.

Au forum, y a aussi un détail qui me fait rire. Ils se prennent la tête pour un oui ou pour un non:

- VO vs. VF vs. VOSTFR
- Nolan: Dieu ou démon?
- 3D vs. ....pas grand chose, c'est tellement pourri!

Bref, c'est mon ptit forum chéri de mon coeur.




Maintenant, je vais m'adresser à toutes les damoiselles qui me lisent:

Tu es célibataire? Tu ne te laisses pas facilement impressionner par des hordes de célibataires? Tu veux sortir avec un cinéphile? Alors viens sur le forum de Mad Movies!!!

S'il te plait, viens vite, nous sommes trop peu et ils sont trop nombreux!


J'ai surligné le mot "cœur" plein de fois pour vous montrer que je vous aime <3

Sinon, y a un topic "Cadavre exquis" et j'ai fait le quatrième chapitre. Si ça vous dit de lire, c'est par là!

11 juil. 2011

NIFFF 2011 Suite et fin

 Et voila, c'est terminé, je suis de retour en France. Bon certes c'est très long, mais promis mes petits canards, je vous agrémenterai l'article de quelques photos pour que vous puissiez reposer vos yeux. Je rappelle les repères: Corvis écrit en typo normale (basique, classique, bref le Times New Roman que l'on connait tous), et mes parties sont en italique (pour dénoter sans nul doute un certain décalage, une originalité flagrante..)



Il reste encore 3 jours de festival, et pourtant ça sent déjà la fin. Hershell Gordon Lewis est parti hier (non sans nous avoir dévoiler avant cela le synopsis de son prochainement gore et décalé THE AH-OH SHOW, un jeu télévisé qu’il vaut mieux ne pas perdre sous peine de sévices corporels), Eli Roth est parti ce matin (et a promis de revenir au plus vite goûter la douceur du chocolat et de l’hospitalité helvétique), et les séances rétrospectives s’amenuisent au profit des compétitions (ce qui permet de profiter du jury et de l’énorme présence de son président). Et en plus, enfin, pour la première fois depuis le début du festival, il pleut.
Pour cause de programme chargé, nous nous divisons la tache, Harley participera à la conférence « La littérature, muse du Cinéma », quant à moi je découvrirai HELLO GHOST, le premier film du coréen Young Tak Kim, vivement conseillé par les collègues de Sy-Fy Universe.

Conférence ayant pour invités Jack Ketchum (auteur américain à succès de littérature d'horreur), Adam Roberts (pasticheur et auteur britannique de science-fiction) et Frank Vestiel (réalisateur d'EDEN LOG), le thème « La Littérature, muse du Cinéma » ne peut que me faire frémir d'impatience. Les interrogations concernant les similitudes et les différences semble être un débat sans fin. Chaque invité a son propre point de vue mais pourtant tout le monde semble d'accord sur un point: ces deux arts seront éternellement liés. Pourtant les conversations ont plus tourné autour de l'insuccès des littératures de genre par rapport au succès du cinéma de genre. En effet, ces derniers ont rapporté beaucoup plus que les films dit « classiques ». LORD OF THE RINGS, HARRY POTTER, sont des succès cinématographiques et littéraires car, selon les invités, ils sont dans un courant pouvant brasser un public large: la science-fiction. Puis les invités dissertent sur le principe même de la transcription d'un support à l'autre. Et qui mieux que Jack Ketchum pouvait répondre à ses interrogations, à part Stephen King? Et oui, l'auteur a vu quatre de ses romans transposés à l'écran avec plus ou moins de succès. Et il est vrai qu'il y a toujours une certaine désillusion car ce que le lecteur perçoit dans un livre est différent de ce qu'on lui donne à voir sur un écran. Mais ce sentiment s'efface si il considère que le metteur en scène a réussi à conserver l'atmosphère initialement créée.

De mon côté, je me dirige, dans l’expectative, à la projection de ce HELLO GHOST dont on dit tant de bien (enfin, en tout cas dont les gens ayant apprécié le FISH STORY à la structure similaire il y a 2 ans disent tant de bien). Comme à chaque séance, je prépare mon billet pour le présenter aux Dobbys. Oui, les Dobbys! Cette année, tous les billets sont munis de code barre qu’il faut passer, pour entrer dans les salles, au radar de drôle de petites machines qui émettent une lumière de couleur quand le billet est validé, tout en nous répondant « Okey ! », « Blue » ou encore « Yellow » avec la voix du célèbre elfe de maison. Inutile de préciser qu’ils sont devenus en quelques jours les mascottes de tous les festivaliers.

HELLO GHOST donc, ou l’histoire d’un dépressif suicidaire qui, après une énième tentative ratée se retrouve suivi dans ses moindres mouvement par 4 fantômes (le grand-père pervers, le fumeur, la femme qui pleure et le gamin) qui, dixit eux-mêmes « utiliseront son corps tant qu’il n’aura pas exaucé leur souhait » (ça rappelle UNITED STATES OF TARA..). Cela aurait pu être une comédie familiale hollywoodienne basique (d’ailleurs Chris Colombus a dès sa sortie acheté les droits du film en vue d’un remake), seulement voilà, nous sommes en Corée du Sud, et c’est une nouvelle preuve que si Dieu aime le cinéma, il doit certainement être coréen. Bien que beaucoup moins obscur que FISH STORY (il y a une trame unique à suivre), HELLO GHOST cultive comme son grand frère le mystère, semant des indices visibles, mais qui ne prendront leur sens qu’à la fin du métrage, offrant une fin poignante et surprenante alors que l’humour et l’émotion, même attendus, nous avait déjà conquis. C’est là tout le génie des coréens: savoir flirter avec le mélo en sachant sans cesse l’éviter, désamorçant l’excès hypothétique par des trouvailles scénaristiques réjouissantes et un humour naïf tout aussi rafraichissant. Bien loin de la violence sèche et glauque des récents opus du pays du matin calme, HELLO GHOST prouve que les coréens réussissent aussi leurs films légers, et offre une des histoires les plus émouvantes et drôle de l’année. Meilleur film du festival jusqu’à preuve du contraire.

Et c’est les yeux pleins d’étoiles que je me dirige vers le Théâtre du Passage, lieu des diverses conférences (et de l’exposition sur la 3D qui orne les murs conjointement au symposium sur le même sujet, « Imaging the future », qui avait lieu plus tôt dans la semaine), pour y retrouver Harley.

Corvis me rejoint à la fin de la conférence puis nous partons voir TODOS TUS MUERTOS, film colombien narrant l'histoire d'un paysan qui découvre un tas de cadavre dans son champ un beau matin. L'histoire (ouais, enfin l’histoire c’est un bien grand mot, disons le concept) aurait pu être excellente si, au lieu d'être un long métrage, le réalisateur avait raccourci bon nombre de plans inutiles voire trop longs, pour se concentrer sur les péripéties. (Les… les quoi ?) Le film s’avère extrêmement décevant car les longueurs sont beaucoup trop fréquentes et le final totalement raté. (Je dirais même qu’il n’avait pas lieu d’être – et encore moins dans un festival tel que le NIFFF – tant le seul intérêt thématique du film, soit la politique de l’autruche des villes colombiennes par rapport aux massacres perpétrés par le gouvernement, et le véritable pouvoir détenu dans l’ombre par d’obscurs anonymes, est résumé brillamment en une scène de 10 minutes où le maire tente de refourguer le « problème » au village voisin et ne cesse de charger et décharger les cadavres dans un camion sans savoir que faire)


Entre deux séances, une discussion avec Fausto Fasulo et Julien Sévéon s'improvise (c'est vite dit hein, j'ai surtout voulu savoir comment faire sa place au soleil dans l'univers impitoyable des journalistes cinématographiques), mélangeant des sujets comme: « Le public est-il con? » (je dis oui [je persiste et signe, le public est con {mais pas toi ô lecteur} ], Fausto dis non), « Comment être journaliste cinématographique? » (réponse: il vaut mieux le faire comme un extra plutôt que de rêver d'en faire un boulot alimentaire), « Comment faire découvrir le cinéma à la populace? » (apparemment il vaut mieux éviter l'ordre chronologique, qui peut être ennuyeux à mourir). Une fois l'interrogatoire fini (et la demande de devenir pigiste à Mad Movies rejetée [je l'aurai un jour, je l'aurai] ), retour au Théâtre du Passage.

THE CALLER est l'autre déception de la journée. Une femme qui reçoit des appels d'une personne très encombrante venant du passé est une bonne idée. Enfin, si on n'a jamais vu les épisodes de TWILIGHT ZONE ou le film FRÉQUENCE INTERDITE. Le syndrome gloubi-boulga a encore frappé (def. : Syndrome récent qui touche bon nombre de films fantastique, consistant à multiplier les pistes, les thèmes, les rythmes et les styles jusqu’à en devenir indigeste. Cf : INSIDIOUS, THE VIOLENT KIND, et donc ce THE CALLER qui a au moins 30 mn de scènes en trop) Tout comme TODOS TUS MUERTOS, cela aurait pu faire un bon court métrage. Mais le réalisateur a voulu trop en faire et rajouter de multiples sous intrigues, qui servent très peu et desservent l'histoire principale (et il faut avouer que le facepalm a répétition provoque des migraines). Mais notre journée n'aura pas été vaine.

Voir EVIL DEAD réjouit déjà à la base le plus dépressif des suicidaires. Mais voir EVIL DEAD sur grand écran, et en péloche s'il vous plait, ça ne peut qu'apporter la Joie et la Paix sur Terre durant 85 minutes. L'ambiance dans la salle était à la hauteur du film et même le temps helvète a décidé d'être de la partie. Difficile de faire la différence entre l'orage se déchainant sur le pauvre Ash et ses amis, et le notre! Certes, les effets spéciaux ont quelque peu vieillis, mais les fans s'en moquent. Certains rentrent même chez eux pour pouvoir regarder EVIL DEAD 2 et 3. Bonne idée certes, mais le film suivant vaut le coup d’œil si on a l'estomac bien accroché.

Car les 85 minutes de bonheur sont passées. Place à l'horreur avec THE GIRL NEXT DOOR, adapté du roman de Jack Ketchum est insoutenable. Devant nos yeux se déroule l'histoire de Meg, maltraitée par sa famille adoptive. Tortures, viols, l'horreur devient de plus en plus intense, et il faut l'avouer, toute cette violence choque au plus haut point. En effet, non seulement c'est une histoire vraie (ce qui dans notre esprit peut être difficile à gérer), mais il y a aussi un détail perturbant: ce n'est pas le gore qui donne envie de vomir! Amateurs de sang, vous risquez de ne pas trouver votre compte: aucune scène montrant les sévices n'est vue à l'écran. Et c'est sans doute ça le pire. Tout au fond de nous, nous voulons voir ce qu'il se passe, notre côté voyeur est frustré et c'est sans doute cela le plus angoissant. Ainsi, si vous voulez des émotions fortes, allez-y. Mais si vous ne vous sentez pas aptes à supporter autant de violences, suivez le conseil de l'auteur: ne le regardez pas et sortez le plus vite de la salle.

C'est donc sous la pluie (qui permet de cacher les larmes) que nous rentrons, épuisés physiquement et moralement.

Avant-dernier jour. La fatigue s'accumule et l'envie de rester dormir grandit. Malgré le lit confortable, nous nous devons d’accomplir notre destinée pour que VOUS, chers lecteurs, puissiez découvrir l'univers du NIFFF. Car ce n'est pas que films fantastiques et publicités insupportables, NON! C'est aussi les Dobbys, le Jardin anglais et son réseau internet gratuit, les moineaux quémandant un bout de poulet (cannibales!), le public bon-enfant hurlant « Ta gueule!! » à la madame qui nous souhaite une bonne séance (alors que si on a envie de passer une mauvaise séance, on passe une mauvaise séance. C'est pas une madame sur un écran qui va me dire comment passer ma séance). Et à propos de séance, il y a un détail que nous avons omis de signaler: la superposition des projections. Corneille aurait été fier des organisateurs du NIFFF. Ces derniers font choisir chaque festivalier entre un film de cœur ou un film de raison (en gros un film de la rétro gore ou un nouveau dont on n'est pas sur).

C'est ainsi que je quitte Corvis qui part voir IRONCLAD seul car je ne suis pas du tout fan des films médiévaux (à part ALEXANDRENIEVSKI mais c'est un cas à part vous en conviendrez). Je me dirige vers le Temple du Bas et ses sièges inconfortables pour voir donc STAKE LAND. Sur le papier il est marqué que c'est un survival avec des vampires. C'est vrai. Rien de plus, rien de moins. Ce film aurait pu ne pas exister cela aurait été pareil pour moi. J'ai eu l'impression d'avoir déjà vu l'histoire des centaines de fois. Il n'y a que quelques idées qui s'élèvent au milieu des stéréotypes. Peut être cette façon de caricaturer les situations et les personnages était voulue par le réalisateur, mais il aurait sans doute dû pousser le vice plus loin. Bref, si vous êtes un féru des survivals, ou des vampires, des sous-textes fustigeant la/les religion(s), ou des trois, alors allez le voir, cela vous divertira au plus haut point. Mais si vous avez besoin d'originalité et de ce petit plus qui fait que l'on apprécie ce type de film plutôt qu'un autre, alors passez votre chemin.


De mon côté, le huis-clos médiéval IRONCLAD de Jonathan English (réalisateur d’un PUNISHER de sinistre mémoire) s’avère une série B brutale tout à fait respectable, même si elle n’atteint ni dans l’histoire ni dans la réalisation les cimes d’un EXCALIBUR ou d’un KINGDOM OF HEAVEN (qui effectivement n’avaient rien de série B ). Si dans l’absolu, le concept, où se rencontrent INGLORIOUS BASTARDS, LES SEPT MERCENAIRES ET ALAMO (voire ZULU) a tout pour plaire, il faut bien avouer que le film souffle le chaud et le froid, tour à tour violent et lyrique (au petit jeu du gore, il surpasse aisément le récent CENTURION de Neil Marshall, grâce notamment aux CGI beaucoup moins présents et surtout beaucoup plus discrets) ou flirtant avec le ridicule (la palme revenant, j’hésite, soit à la hache en plastique du picte, soit à la châtelaine finissant par venir démastiquer du danois à la hache au milieu des autres). Pareil pour la crédibilité historique régulièrement mise à mal. Mis à part cela, le film se paye un casting 4 étoiles (Brian Cox, James Purefoy, Paul Giamatti, Charles Dances, Derek Jacobi, Jason Flemyng, et Kate Mara en lumineuse potiche) et arrive à ne pas foirer la sempiternelle romance du héros. Reste la dernière minute, incroyablement naze. On attendra de voir la version complète, longue de 135 minutes, quand la version projetée ici n'en faisait que 115.


C'est l'heure des retrouvailles pour THE UNJUST, film confirmant (si besoin était) la suprématie des coréens en matière de scénario tordu et d'histoire haletante. Écrit par Park Hoon-jung (I SAW THE DEVIL) et réalisé par Ryoo Seung-wan (FRÈRES DE SANG), THE UNJUST est ce genre de film auquel il faut s'accrocher. Et cela a été très compliqué au début, tant le métrage ne s’abaisse jamais à prendre le spectateur par la main, alors que le scénario touffu et la structure complexe l’auraient presque exigé. Du coup, certains resteront peut être sur le carreau. Pourtant, une fois le temps d’adaptation passé, le spectateur est entrainé, en même temps que les personnages, dans une spirale de trahisons, de violence, et de coups fourrés, dans un Séoul corrompue et menacé par un tueur de jeunes filles. La question sous-jacente à toute ces intrigues est sans nul doute: « Jusqu'où peut-on aller pour gravir les échelons sociaux? ». Pas de gentils, pas de morale, le monde dépeint est sombre, violent, et perverti. Cinéphiles et cinéphages, vous devriez adorer.

Et on continue dans les films venant d'Asie avec le plus dingue, j'ai nommé HOUSE! (appelé aussi « le film qui rend fou », soit le film le plus taré et psychédélique de l’histoire des films d’horreur, et qui, dès 1977, posait la base du splatter moderne et allait inspirer bon nombre de jeunes réalisateurs, dont un certain Sam Raimi pensant sans doute déjà à son EVIL DEAD) Je pense que le film pourrait se résumer avec un énorme WTF écrit en lettres de feu, mais ce serait trop peu dire alors que l'on n'a qu'une envie, c'est de parler pendant des heures et des heures des détails, de la musique (qui est restée dans la tête de bon nombre de festivaliers), du jeu d'acteurs, des gags, du film en somme. Vendu comme étant une comédie narrant l'histoire de sept adolescentes japonaises dans une maison hantée, ce long métrage est le film le plus hautement improbable qu'il m'ait était donné de voir (et pourtant je suis fan de THE FORBIDDEN ZONE, je ne devrais plus être surprise). Décors cheap (aaah le magnifique coucher de soleil peint sur toile utilisé pour plusieurs scènes), images kitchs qui feront plaisir aux amateurs de clips des années 70, séquences frisant le ridicule... Ce film est, à l'instar de PIECES, un sacré chef d'œuvre réalisé par un grand malade. C'est LA MAISON DU DIABLE sous LSD, mixé avec PLAN 9 FROM OUTTER SPACE. Attendez vous à tout et profitez de ce film à fond!

On enchaine avec un film d'un tout autre genre: RED, autre adaptation d'un roman de Jack Ketchum. Un homme voit son chien tué par trois adolescents. Inspiré d'une histoire vraie (encore), l'écrivain modifie la vérité pour faire de cet homme qui n'a pas réussi à obtenir gain de cause un personnage sombre et solitaire qui va chercher à réparer l'injustice dont il est victime. L'auteur lui-même explique que lorsqu'il a commencé à écrire l'histoire, il s'est dit: « Et si ça avait été le chien de Clint Eastwood? ». Une pléthore d'acteurs (Brian Cox, Amanda Plummer, Robert Englund...) se retrouvent dans ce drame qui, au-delà de l'histoire d'amour qui unit un être humain et son chien, dépeint une société dans laquelle l'argent apporte une sécurité, peu importe les actes commis.

La journée se termine avec un classique produit par le studio cultissime qu'est Troma: THE TOXIC AVENGER. Premier d’une série lucrative de 4 films (plus un 5ème en préparation), THE TOXIC AVENGER prend place à Tromaville (qui affiche glorieusement le titre de ville la plus polluée) et suit les péripéties de Melvin, adolescent martyrisé par les membres de la salle de sport où il officie en tant que balayeur. Le jeune homme, à la suite d'une très mauvaise plaisanterie tombe dans une cuve de produit chimique et se transforme en un monstre moitié Elephant Man, moitié Hulk. Dans une ville où le moindre de ses concitoyens, de la playmate au maire, est un criminel en puissance, Il décide de corriger la racaille qui la gangrène de manière très intéressante (voire hilarante). On notera qu'une réplique d'un des voyous se retrouvera des années plus tard dans un petit film intitulé THE DARK KNIGHT (pour les curieux il s'agit de la phrase « Good evening ladies and gentlemen. We're tonight's entertainement »). Bref, c'est du Troma, donc un pur délire scénaristique et graphique (avec mention spéciale pour la voix du monstre plus proche d'un bellâtre de publicité préventive qu'à celle de quelqu'un tombé dans une cuve).


Neuchâtel, dernier jour. « Aaahhh, quelle heure il est ? » 9h30, AM. « Wah, déjà ? » Non mais j’avance un peu.

Pendant que j’octroie quelques heures de sommeil de plus à mon corps engourdi (et oui, la fatigue a eu raison de moi, ça y est, j’ai la grippe), Harley s’est réveillée dès potron minet pour tenter de récupérer des places pour la soirée de clôture. Car oui, aucun festival n’est parfait, et le NIFFF ne déroge pas à la règle, l’organisation des billets presse et festivaliers est quelque peu bizarre, voire chaotique. Alors qu’on nous a bien expliqué que l’obtention se faisait au jour le jour, nous avons appris la veille au soir que la réservation des billets de clôture se faisait dès le début du festival (sans que cela soit marqué nulle part) et que la séance était complète depuis samedi dernier. Ce qui, pour rendre compte des résultats, nous serait fort préjudiciable.

C’est donc dès 8h30 qu’Harley a fait le pied de grue, pour s’entendre dire que non, tout va bien, nous aurons nos entrée sans soucis, nous sommes sur la liste des « guests » (ce qui ne signifie pas grand chose mais enfin bon) .

Et on peut donc me qualifier de super héroïne (enfin), car avec le peu d'heure de sommeil que je me coltine depuis le début du festival, je peux vous assurer que cela fut très ennuyeux d'attendre devant un bâtiment vide, aucune file d'attente à l'horizon. De plus Corvis ayant besoin de se reposer, j'ai donc passer ma matinée à écrire sur les quelques films des deux jours précédents. La fatigue l'emporte, je décide de me faire un petit plaisir et de manger un plat végétarien (une plâtrée de pâtes au pesto) au restaurant du Théâtre du Passage

Bref, nous commençons (enfin je commence, Harley étant occupé à apaiser son ventre affamé) par GRIFF THE INVISIBLE, nouvelle variation, après KICK-ASS, DEFENDOR et SUPER, sur le thème décidément à la mode du « real-life superhero ». Il arrive bien tard me direz-vous, et le mettre au côté de SUPER dans un même festival ne joue pas en sa faveur. Et bien oui, mais non. Il fait un parfait complément au film de James Gunn. Là où celui-ci utilisait le parcours d’un homme ordinaire voulant être extraordinaire, tout ça pour parler du mythe du superhéros, GRIFF THE INVISIBLE en prend le contrepied et nous présente une histoire de superhéros autoproclamé, simplement pour dépeindre le mal-être des inadaptés sociaux, des freaks.

Pour ma part, étant restée très peu de temps du fait que ma vessie et petite et que le café n'aide pas, mon avis ne peut se baser que sur la demi-heure aperçue. C'est bien. Très bien même. Pour un film australien, il y a décidément beaucoup d'humour anglais. Comme quoi on peut descendre de bagnards et avoir un esprit raffiné.

En voyant le superhéros comme une véritable pathologie (à ne pas forcément soigner d’ailleurs), il lance une belle déclaration d’amour à la naïveté et aux laissés pour compte, oscillant sans cesse entre le point de vue fantasque du personnage principal et la réalité, jusqu’à flirter carrément avec le fantastique. Une très belle découverte pour ce dernier jour, et comme le dit la belle de Griff, Melody : « Stay Freak ».

Juste le temps d’ingurgiter un sandwich et un yaourt (qui sont très bons en Suisse) qu’il est temps de retourner dans la salle du Passage pour le nouvel opus du déjanté Takashi Miike, le stakhanoviste de la pellicule qui, non content d’avoir réalisé 4 films en 2 ans, tous projetés en festival, nous explique par vidéo interposé qu’il ne peut être présent car il est en plein tournage de son 3ème film de l’année. Un grand respect. Respect également au film en lui même, NINJA KIDS, qu’on pourrait appeler Harry Potter à l’école des ninjas, tant sa structure et ses personnages virent carrément à la parodie du succès planétaire de Rowling, sans pour autant en singer les moindres détails. Après le gore outrancier (ICHI THE KILLER) ou glauque (AUDITION), le grotesque scabreux (VISITOR Q), le drame (BIG BANG LOVE), le western (SUKYAKI WESTERN DJANGO), le chambara (13 ASSASSINS) ou la respectabilité cannoise (HARAKIRI 3D), Miike s’attaque au film pour enfant, toujours avec la même maestria, la même folie visuelle, s’approchant du style manga comme aucun autre film live ne l’avait fait jusqu’à présent. Cela fait extrêmement plaisir de voir encore un film différent (et réussi) dans le paysage cinématographique Miikien. Et c'est surtout bourré d'humour. Et de crottes de chien. Mais surtout d'humour. En résumé, c'est beau, c'est drôle et on est heureux de ne pas l'avoir vu en odorama

Après la Ninja Academy, vient le temps de la dernière rétro de l’année. C’est avec impatience, devant les sempiternelles publicités pré-films passant en boucle qui en auront rendu fou plus d’un (heureusement nous avons des mots fléchés) que nous attendons la diffusion du rare THE FLESH EATERS, prémisse des films gore, contemporain de BLOOD FEAST et dont je n’avais jamais entendu parler. La nostalgie aidant, cela s’avère être une bonne surprise. Cette histoire de bactérie lumineuse et vorace, hantant les côtes d’une île déserte et dévorant la chair humaine des pauvres bougres venant faire trempette, est quand même sacrément originale, et même joyeusement gore pour l’époque. On pourrait aller jusqu’à dire, qu’elle est à la base de nombreux « monster movies » contemporain façon PIRANHA 3D, le charme suranné des effets spéciaux grattés à même la pellicule en plus. Même si le rythme est un peu faiblard et que les péripéties s'essoufflent, les personnages sont succulents, et le film va jusqu’au bout de son concept, jusque dans sa fin épique malgré les effets spéciaux sommaires.

Au sortir de FLESH EATERS, pas le temps de faiblir, il reste 30 minutes avant la clôture, et nous n’avons toujours pas nos places. Ici tout le monde court, patiente ou s’impatiente, et personne ne semble disposer à nous dire clairement ce qu’il en est en ce qui nous concerne. À peine apprenons-nous que nous sommes sur « liste d’attente » et que l’on va « faire l’appel ». Va-t-on être obligés de lever le doigt aussi ? Pas d’indications précises, pas d’informations claires, la communication fait défaut, et nous stagnons dans l’entrée en espérant ne pas repartir bredouille.
Finalement la lumière se fait. Devant le comptoir de la billetterie, on nous explique qu’une fois les possesseurs de billet entrés, on comptera les places vacantes, et on fera entrer une première fournée de personnes sur liste d’attente, suivant l’ordre de réservation. Joie et bonheur, la liste presse est prioritaire, et nous sommes premiers (tout compte fait cela aura payé de faire le pied de grue pendant près d'une heure). Cela aura été stressant et laborieux, mais nous sommes dans la salle.

La clôture alors ? Sobre, bien moins engoncée et longuette que l’ouverture. Forcément, le directeur technique nous narre, pour justifier son discours expéditif de remerciements, l’anecdote du discours officiel de 45 mn lors du festival du film suisse qui le traumatisa à vie. Puis les récompenses pleuvent, certaines attendues et d’autres surprenantes :

Prix de la compétition Asia : HELLO GHOST de Young-Tak Kim

Prix Titra Film : INSIDIOUS de James Wan

Prix du public : TROLLHUNTER de André Ovredal

Prix Mad Movies : THE VIOLENT KIND des Butcher Brothers

Prix de la jeunesse : WAKE WOOD de David Keating

Meliès d’argent du meilleur long-métrage européen : TROLLHUNTER de André Ovredal

Mention spéciale du jury : STAKE LAND de Jim Mickle

Narcisse du meilleur film : TROLLHUNTER de André Ovredal

À l’issu d’un tel palmarès, on retrouve le public survolté, prêt à hurler à la lune lors de la petite vidéo d’intro du festival, prêt à vociférer « Merci » lors du panneau indiquant que « L’Hebdo vous souhaite une bonne séance ». Comme d’habitude quoi. Sauf que le film de clôture, c’est MELANCHOLIA de Lars von Trier. Rongez votre frein les gars, malgré l’argument SF, cela sera sûrement du pur film d’auteur intimiste (si seulement les amateurs de films apocalyptiques et les férus de drames familiaux pouvaient se tenir la main).

MELANCHOLIA alors… Et bien entre nous les avis sont extrêmement partagés. Sachant que c’est le genre de film qui, sans nul doute, se verra déversé fiel et injures, ma diatribe sera courte et je laisserais rapidement la parole à Harley. Le gros problème, l’énorme problème de MELANCHOLIA, comme de Lars von Trier depuis la création du dogme, c’est son manque de sincérité, son absence de spontanéité. Tout paraît calculé, maitrisé, quand le film même se voudrait un abandon total. Je n’ai aucun problème ni avec la caméra portée intimiste, ni avec les images léchées sensitives, pour peu qu’elles aient un sens et une âme. Force est de constater que les images tournées en RED dans un ralenti extrême ressemble plus à une pub pour du parfum qu’à des œuvres picturales de la Renaissance, et que les passages intimistes forcent tellement le trait de la caméra embarquée (avec force cadrages hasardeux et mises au point en direct) qu’on flirte avec un « Dogme pour les nuls » rébarbatif. Impossible de ce fait de s’intéresser à une histoire intéressante, mais dépeinte avec une lourdeur extrême, et qui n’apporte rien de plus aux thèmes (quand thèmes il y a, la seconde partie apocalyptique se contentant de dépeindre la situation, ce qui dans l’absolu n’est bien sûr pas une mauvaise chose). La première partie fait penser à RACHEL SE MARIE (voire à PIÈCE MONTÉE dans ses touches d’humour), la seconde recycle bon nombre d’éléments disparates vu dans la plupart des (bons ou mauvais) films catastrophes existants, notamment l’excellent BEFORE THE STORM. Reste que le casting est parfait en tout point (John Hurt, Charlotte Rampling, Charlotte Gainsbourg, Kirsten Dunst, Kiefer Sutherland, Stellan Sarsgaard, Alexander Sarsgaard, Udo Kier) et que le film se paye certaines images (beaucoup plus spontanés) parmi les plus belles de l’année (lors d’un lever de planète en pleine nuit, et pour la toute fin absolument magnifique). Bref Melancholia ne mérite pas qu’on crache dessus, mais comme Antichrist (dont il reprend à la scène près la structure), ça n’est pas bien bon.

Quand Corvis m’a expliqué son point de vue sur ce film, je comprenais ses arguments mais j’ai toujours du mal à y adhérer. Pour moi MELANCHOLIA est un film époustouflant. Les plans ralentis du début, structurés, lisses, artistiques, contrastent avec les autres flous, rapides, voire même brouillons. L’histoire est celle des relations entre deux sœurs à l’approche de la fin du monde. Construit tel un dyptique, la première partie se veut basée sur les interactions entre membres d’une même famille, tandis que l’autre traite essentiellement des réactions que l’on peut avoir lorsque l’on découvre que toute vie va bientôt être détruite. Alors certes, cela semble, vu, vu, et revu, mais Lars Von Trier n’a sans doute pas cherché l’originalité mais plutôt l’authenticité. Sa démarche me semble proche de Zola : le réalisateur a voulu voir comment ses personnages allaient évoluer. Les événements nous semblent trop évidents ? Peut être est-ce sans doute dû au fait que les réactions sont normales. Les images sont trop maitrisées au début du film ? Peut être faut-il y voir un lien avec les tableaux que l’on entraperçoit durant le long métrage (certes le réalisateur trouve lui-même que cela fait trop « image pour réclame », mais bon, c'est trop tard, il avait qu'à y penser avant que je vois son œuvre). Bref, ce film est divisé, et divisait. C'était très dur de rester concentrée alors que l'on sent que la moitié de la salle se demande ce qu'elle fait là. Certains d'ailleurs sortent avant même le début de la deuxième partie. Aaah Lars. Pardonne les, ils ne savaient pas ce qu'ils faisaient. Chef d’œuvre ou arnaque, choisit ton camp camarade. Pour moi, Lars Von Trier, en dépeignant une histoire somme toute classique, a fait preuve d’originalité et continuera toujours à prouver que ses films ne sont pas là pour nous divertir mais bien pour nous faire réfléchir sur non pas la société entière mais sur les interactions avec nos proches dans des situations de crise.

Fin du festival, fin des compte-rendus ? Et bien pas tout à fait, puisqu'après une pause casse-croûte dans un sympathique bouiboui avec Richard Bourderionnet de Sci-Fi Universe, il nous reste pour finir ces 9 jours de cinéma une petite sucrerie norvégienne, le NORWEGIAN NINJA de Thomas Cappelen Malling. Ou l’histoire vraie fantasmée d’une obscure division ninja des années 70, un fourre tout endiablé à base de boule à fumée, feng shui, costume d’invisibilité et complots diplomatiques, qui rappellerait presque les méfaits de Godfrey Ho si le ridicule et la vociférante anarchie de l’entreprise n’était pas assumés. Le charme suranné et les gags empilés avec un sérieux papal font sourire, mais le film reste quand même trop bancal dans son rythme et obscur dans son déroulement (je n’ai RIEN compris à l’histoire) pour satisfaire totalement.
Mon avis sera court: le début était rigolo.

Et puis c’est l’ultime retour sous la pluie, épuisés (Harley a même dormi durant les trois quarts du film, ouuuuhhhh) (mais euuuh je voulais faire croire que je n'avais apprécié que le début), des images plein la tête et des ampoules plein les pieds, trop crevés pour participer aux afters qui éclosent un peu partout.
LE NIFFF s’achêve, comme toujours, le spleen de fin de festival va faire effet, comme d’habitude, le retour sera sûrement parsemé d’embûches (avec la SNCF tout est possible), et pourtant, rien n’entame notre enthousiasme, et surtout la décision qui prend corps en nous : l’année prochaine, on revient ! Et avec un chargeur qui marche !

7 juil. 2011

NIFFF 2011 Deuxième partie

Même chose que pour la première partie, je suis en italique (et les claviers qwertz sont horribles)


C’est sous un soleil de plomb (malgré un léger vent frais), que nous entamons notre quatrième journée à Neuchatel, cultivant le paradoxe qui nous laisse nous enfermer dans des salles obscures alors que le lac et sa douceur sont à deux pas.

Mais le cinéma n’attend pas, et forcés au chômage technique après la mort de notre chargeur, nous entamons 3 jours de rétrospectives acharnés.



Petit intermède, il faut savoir qu’au NIFFF, pass festival ou pas, on prend ses billets au jour le jour, mais pour l’intégralité de la journée (le truc du petit malin étant d’aller au caisse après 00h pour récupérer les places du « lendemain » avant tout le monde).

Les accrédités sont logés à la même enseigne, mais pas à la même billetterie, billetterie qui ferme tous les soirs à 19h. Il faut donc se lever tôt le matin pour récupérer ses places à 9h dès l’ouverture et éviter la déconvenue de la soirée d’ouverture narrée précédemment, si bien qu’avec Harley nous avons organisé un roulement. Une fois sur deux, l’un d’entre nous se lève tôt pour aller récupérer les places pendant que l’autre dort profondément.

Bref tout cela pour dire qu’arrivé à la billetterie presse à 9h15, je m’entends dire qu’il n’y a déjà plus de place pour THE BOXER’S OMEN… La leçon est retenue, il faudra être là à 9h pile, et je passe au plan B avec THE WICKER MAN.



Le quatrième jour commence fort avec MONDO CANE, premier Mondo movie (chocumentaire ou documenteur, choisi ton camp camarade) de l’Histoire, réalisé par Gualtiero Jacopetti, Franco Prosperi & Paolo Cavara. 108 minutes durant lesquelles se côtoient les pratiques extrêmes de la culture mondiale. On veut choquer à tout prix en nous dévoilant des images vraies, sans aucune mise en scène. Enfin, tout ça c’est beau sur le papier, mais il faut se dire que c’est faux. Scènes inventées, voix off subjective, on est loin de la neutralité pure. Les avis sont divisés. Pour ma part je n’ai pas réussi à me dire que ces mecs qui ont un regard si cynique sur les pays du Nord, puissent être aussi ignares sur les cultures peuplant un monde qui leur est inconnu. Certes il faut replacer dans le contexte, mais je pense qu’il y a quand même un grand foutage de gueule.

(avis que je ne partage pas, considérant MONDO CANE comme une entreprise fascinante à découvrir avec le recul du au temps passé, un monde révolu où internet n’existait pas, où la condescendance colonialiste était plus naïve et ignorante que raciste, et où tout était encore à découvrir. En plus d’être sacrément couillu et d’avoir fait de son montage un véritable « exercice de style » pour relier ces scénettes disparates, portées par la musique orchestrale de Riz Ortolani, le film est nanti de découvertes passionnantes et d’images réellement impressionnantes. Après, cela reste un mondo, grandiloquent, à la limite du racolage, et qui d’un point de vue contemporain pourra faire grincer bien des dents)



Nous enchainons avec THE WIZARD OF GORE de papi Herschell Gordon Lewis. Classique désormais de 1968, ce film narre l’histoire d’un magicien dont les tours marchent réellement. Si il scie une femme en deux, elle sera sciée en deux. Certes le rythme est lent, les scènes gore ne dérogent pas à cette règle, mais ce n’est que pour retrouver chaque torture avec encore plus de plaisir. (Et il faut dire que le concept d’illusion qui sert au crime parfait est une sacrée bonne trouvaille, même si le final n’est pas celui prévu à la base – la faute à un technicien qui fit cramer le décor par faute d’inexpérience, dixit Hershell – et que celui présenté confine au grand n’importe quoi)



N’ayant pu avoir de place pour THE BOXER’S OMEN, Catégorie 3 qui avait l’air complètement fou, nous nous rabattons avec plaisir sur THE WICKER MAN, film faisant parti de la catégorie « Carte blanche à Eli Roth ». Le réalisateur de CABIN FEVER nous présente (dans un franglais des plus respectables) donc ce film comme un grand classique du cinéma qu’il affectionne particulièrement. Et on comprend ! Quel plaisir de voir un film « d’horreur » musical !

D’autant qu’à part une fin un poil bavarde, cette histoire de disparition présumée d’enfant sur une île autarcique régie par d’obscures religions pré-chrétienne n’a pas pris une seule ride, notamment grâce aux chansons envoûtantes et à l’immense Christopher Lee. En parlant de la musique, Eli Roth expliquera avant la projection qu’il l’appréciait tellement qu’il utilisera la reprise d’une des chansons par Sneaker Pimp’s pour son Hostel.

Et après avoir fièrement taillé le bout de gras avec monsieur Roth pendant 15 petites secondes, nous repartons récupérer quelque peu avant de recommencer de plus belle le lendemain.



Debout de bonne heure tous les deux pour cause de projection de NIGHT FISHING de Park-Chan Wook, nous en profitons pour flâner dans le centre de Neuchatel où se croisent architecture typiquement helvète et statue de Don Quichotte dont on se demande bien ce qu’elle fait là.

NIGHT FISHING alors : autant basé sur son concept technique que sur une histoire forte, ce court métrage (30 mn) entièrement tourné avec l’Iphone 4 est autant une réussite qu’on aurait pu craindre un pétard mouillé. Utilisant le côté granuleux du Smartphone d’Apple à merveille, naviguant entre onirisme (le film démarre sur une chanson des Uhuhboo Project façon vidéoclip) et peinture de coutumes coréennes ancestrales, entre drame et fantastique, il se permet d’avoir plus de rebondissement intéressant en une demi heure que beaucoup de film en 2h. Bref, une réussite technique (et c’était pas gagné), qui plus est poignante.



Avant d’enchainer avec THE GODFATHER OF GORE, documentaire sur Hershell Gordon Lewis concocté entre autre par Frank Hennenlotter, une petite interlude : Si un de ces jours vous passez par Neuchatel, passez au Café des Arts, merveilleux petit restaurant qui, non content d’être abordable, est aussi complet que son pain et où on trouve des menus végétariens, sans gluten ou encore diététique.



Passé le documentaire, déjà vu à l’Extreme Cinema de Toulouse, et toujours aussi passionnant quand à la trajectoire de ce génial débrouillard qui commença dans le « nudies » avant de créer carrément le mouvement gore, il est temps de rencontrer la légende susnommée en personne, lors d’une conférence intime et joyeuse, qui confirme la bonhomie, l’intelligence et la lucidité du monsieur sur son art, son bizness, et la pérennité de son héritage. Beaucoup, beaucoup d’informations et d’anecdotes vibrantes, ce qui tombe bien puisque le film suivant est THE GORE GORE GIRLS, dernier film en date (1972 quand même) de Lewis, qui malmène des strip-teaseuses dans une ambiance ouvertement décalée, mêlant effet gore plus réussis (et tordus) que ceux de BLOOD FEAST, et érotisme bon enfant typique du Grindhouse qui battait son plein.

D’ailleurs, même si une pointe de Giallo lui donne un goût exotique, on peut presque dire que THE GORE GORE GIRLS, encore plus que LA BAIE SANGLANTE OU HALLOWEEN, pose les premières bases du futur Slasher.



Qu’avons-nous ensuite à nous mettre sous la dent (à part notre sempiternel pique-nique) ? Un film de parasites, à l’aune de BODY SNATCHERS et qui inspira certainement THE FACULTY et HORRIBILIS, un film qui se revendique du zombie-flick en remplaçant la soif de chair fraiche par une soif de sexe (sisi) assez originale, j’ai nommé SHIVERS, premier film de David Cronenberg, qui déjà s’intéressait la chair dans toutes ses formes. Et si le rythme du film a un peu vieilli et peine à se mettre en place, il reste diablement maitrisé et contient des scènes d’anthologie que le temps ne saura certainement pas altérer (même si ma préférence va à RAGE, son film suivant).



La journée se termine avec OFFSPRING, adaptation d’un roman de Jack Ketchum (nouvelle coqueluche de la littérature « d’horreur » américaine adoubé par Stephen King himself) qu’il a également scénarisé, et on se demande bien comment l’écart de qualité peut être si grand entre les deux médias. On était prévenu par les différents échos, ce n’est donc pas une surprise, OFFSPRING est un naufrage à tous niveaux, perclus d’incohérences hilarantes et de fautes de goût déplorables, ce qui devient inacceptable lorsqu’on adapte une histoire de cannibales troglodytes hantant les abords d’une ville côtière, cherchant à sacrifier un bébé et ne faisant pas dans la dentelle quand il s’agit de chasser leur nourriture. Risible de bout en bout et bien loin des GIRL NEXT DOOR, RED et autre THE LOST d’après le même auteur. En attendant THE WOMAN, séquelle à la réputation festivalière plus que flatteuse.



Et on finit nos trois jours de quasi intégrale rétro avec une journée chargée, puisqu’elle rentre dans le vif du sujet avec la conférence donnée par l’enfant terrible Eli Roth, venu discuter de son enfance, ses films, ses tabliers d’acteur et de producteur… Dans un français très recommandable (surtout 20 ans après ses études ERASMUS) et une accessibilité qu’on ne pensait pas lui reconnaître, c’est à 45 minutes d’anecdotes et d’infos exclusives (oui il réalisera bien THANKSGIVING, d’après sa bande-annonce grindhouse, qu’il est en train d’écrire) auxquelles nous avons eu droit.



Un sacré bon dans le temps après cela puisqu’avait lieu la projection du premier film du fou furieux José Mojica Marins, le bien nommé À MINUIT, J’EMPORTERAI TON ÂME (1964) premier opus d’une trilogie qui sera continué 3 ans plus tard avec CETTE NUIT, JE M’INCARNERAIS DANS TON CADAVRE et enfin clôt après plus de 30 ans ( !) par EMBODIMENT OF EVIL en 2008. Bon, force est de constater que cette ouverture a pris de sacrées rides (surtout quand on a vu l’épisode final en premier), mais le film est tellement fou (notamment ce long plan séquence où le « héros » diabolique Zé du cercueil pète littéralement un cable de culpabilité) et classieux qu’il force le respect (d’ailleurs Harley a adoré sans aucune réserve).



Nous devions enchainer avec l’immense MASQUE DU DÉMON de Bava, mais les horaires trop proches (et la faim qui nous tiraillait le ventre) auront eu raison de nous, nous restons à la porte du cinéma, pestant de ne pouvoir découvrir ce chef-d’œuvre sur grand écran en présence de son actrice principale. Qu’à cela ne tienne, nous serons en avance à la séance suivante, l’attendu WASTED ON THE YOUNG (préféré à la conférence vidéo, l’Esthétique du sang).

Las, mal nous en a pris, puisque ce qui semblait sur le papier être un film à l’ambiance post apocalyptique anarchique d’un monde sans adultes, n’est finalement qu’un teen movie option drame d’un sérieux papal, qui brasse des thèmes revus cent fois dans divers films et séries (toute puissance des populaires, mal-être des autres, choc des classes et des caractères, drogue, viol et états d’âme) en y ajoutant pour seule touche d’originalité un concept qui tourne au gimmick (les adultes existent bien et sont cités constamment, mais simplement pas filmés avant le dernier, et risible, plan du film) et une ambiance visuelle et sonore oscillant entre l’arty et le clip vidéo commercial qui ne fait pas illusion plus de 15 mn. On croirait l’œuvre d’un Greg Araki qui aurait viré MTV, et tout le talent relatif des comédiens n’y fera rien : c’est d’un ennui mortel.



Heureusement, Dieu soit en location, la journée se termine avec PIECES (LE SADIQUE À LA TRONCONNEUSE, tout un programme) de feu Juan Piquer Simon, présenté par un Eli Roth enthousiaste, survolté, et tout triste de repartir à L.A le lendemain (et certainement aussi légèrement éméché) qui nous assure qu’après ce film, on aura du mal à considérer les autres métrages du festival comme bons. Et il avait raison. PIECES, c’est la quintessence du n’importe quoi qui donne la banane, un des slasher les plus tordus et jouissifs (et aussi un des plus nuls, mais avec PIECES la notion même de qualité vole en éclats) de l’Histoire du cinéma d’horreur. Oscillant entre nanar hyperbolique assumé et jeu de massacre psychédélique, ce film n’est pas seulement nanti d’un des jeux d’acteur les plus ignobles de la galaxie et d’un scénario écrit un soir de cuite à l’absinthe frelatée, il se permet également d’être plus généreux en gore et en nudité que beaucoup de ses compatriotes (un sadique à la tronçonneuse, ça fait des dégâts, et on aura aussi droit à du full-frontal féminin ET masculin, zigounette en prime), et peut se targuer d’avoir à la fois des plans magnifiques (jeux d’ombres, costume giallesque et mise en valeur des effets gores) et des scènes tellement sorties d’un autre monde qu’on en reste bouche bée plusieurs minutes durant (la scène du prof de kung-fu faisant son jogging restera longtemps dans les mémoires)



Et nous rentrons, toujours à pied, mais comme Aznavour dans La Bohème : Épuisés, mais ravis. Fallait-il que l’on s’aime et qu’on aime Eli…